Les divers propos de Dieudonné sur Jean Marie Le Pen, son
ancienne cible préférée, laissant entendre que les deux pourraient
s’asseoir et fumer le calumet de la paix vont se concrétiser en cette
année 2006, à la veille de nouvelles élections présidentielles à
laquelle Dieudonné va tenter une nouvelle fois de participer sans
succès. (il sera obligé d’abandonner tout espoir en fin d’année) La
rencontre a lieu en pleine fête Bleu Blanc Rouge du FN, pendant laquelle
la fille du leader frontiste tente un rapprochement plutôt mal vécu par
les anciens supporters du père avec l’extrême droite israélienne. On y
voit un Dieudonné venir ostensiblement serrer la main à son ancien
ennemi juré, et un peu après faire des déclarations entièrement reprises
d’un texte écrit par un antisémite notoire. Dans une interview « Choc »
(c’est le nom du magazine !) l’artiste se lâche et déclare renier ses
années SOS-Racisme en affirmant avoir été « manipulé ». L’aveu est de
taille : il revient sur les dix années qui ont précédé. L’année se
terminera par un soutien appuyé en même temps à José Bové, comme
candidat à l’élection présidentielle, et au numéro 2 du parti, Bruno
Gollnisch, qui a tenu des propos négationnistes. Le grand écart est bel
et bien devenu la spécialité politique du comique.
Dieudonné et Jean-Marie, la main dans la main

Le
20 novembre 2006, Dieudonné « officialise » ses liens avec le FN en se
rendant devant les photographes à la fête du Bleu-Blanc-Rouge du parti
ce qui en surprend plusieurs :
« Il est pourtant difficile de croire
que le pourfendeur de Marie-France Stirbois à Dreux en 1997, condamné
en mars 2006 en première instance pour avoir déclaré que les juifs «étaient tous des négriers reconvertis dans la banque», ait
pu s’inviter au BBR sans s’être assuré auparavant qu’il pourrait
effectivement rentrer de manière courtoise. Ou se faire complaisamment
photographier à sa sortie du Parc des expositions du Bourget en bonne
place au milieu d’une escouade de DPS, les gros bras du FN, hilares « note Libération, qui ajoute
»Une série de photos publiées sur le site d’Allain Jules Meynié un proche de Dieudonné (et un admirateur de Kemi Seba), montre sa proximité avec quelques figures frontistes ou issues de la droite nationale bien connues« .

L’homme qui présente Dieudonné à Le Pen n’est autre que Farid Smahi :
»L’opération
avait été préparée de fraîche date. Des contacts ont été pris pour
s’assurer qu’il allait bien pouvoir rentrer», confie Marc
Robert. Conspirateur réjoui. Pourtant, au FN, tout le monde feint de ne
pas avoir été informé. C’est Farid Smahi,
ancien
conseiller régional FN d’Ile-de-France, »ami de très longue date
d’Ahmed Boualek », responsable de l’association La Banlieue S’Exprime (proche de Soral et Dieudonné),
qui
a guidé Dieudonné à travers les stands et lui a proposé de se rendre
sur celui de l’association de Jany Le Pen, SOS enfants d’Irak ». Le journal ajoute un détail expliquant les liens de ce petit monde presque devenu People :
»Marine
Le Pen dispose pourtant de personnes dans son proche entourage pour la
tenir avertie des intentions de Dieudonné. A commencer par Marie
Chatillon, actuellement employée au service de communication du Front.
Sur plusieurs photos, elle apparaît aux côtés de Dieudonné, lui claquant la bise au passage ». Ce
n’est autre en effet que la femme de l’ancien responsable du GUD avec
lequel Dieudonné s’est rendu en Syrie ! En vidéo, Dieudonné bottera en
touche en affirmant « que sa mère et celle de Le Pen sont bretonnes » ce
qui crée des liens selon lui. Et avouera que l’intérêt qu’il porte au
parti est celui de
« destabiliser » la vie politique. Le
projet politique de Dieudonné devient déjà nihiliste. Il évoque surtout
la présence de LePen au second tour de 2007, à laquelle il croit et
l’espère même : il mise en effet sur un « séisme politique » en France.
Dieudonné se range ce jour-là définitivement dans la catégorie
« agitateur », qui attend l’arrivée d’un messie politique : il cite
aussi une hypothétique présence d’un « Chavez de gauche » comme autre
possibilité. Et ce ne semblait pas

être Mélenchon, à l’évidence, chez lui ! Il ajoute «
nous devons nous positionner contre les communautaristes, rappelant »qu’il est contre les dogmes religieux » choisissant le thème de la circoncision comme exemple, et parlant de
»traumatisme » dans
ce cas : citant exactement mot pour mot l’ahurissante thèse du dénommé
Roger Dommergue (de son vrai nom Roger Guy Dommergue Polacco de Menasce,
négationniste pro-hitlérien et fermement opposé à loi Gayssot, auteur
de
« L’Histoire face à la Question Juive », mais aussi de «
Comment la femme moderne vit contre sa nature » ou « Comment aider la nature à guérir par les plantes et les oligo-éléments » !!! ). Le propos confus de Dieudonné laisse pourtant clairement entendre qu’il a lu Polacco de Menasce…
Une bien étrange théorie

Car Menasce (décédé récemment) avait écrit dans la droite ligne de «
Je Suis Partout » des choses ahurissantes sur les juifs, tels que
« l’argent
est maîtresse du monde et les juifs sont les rois de la finance :
Soros, Barclay, Rothschild, Rockefeller … L’usurier Moïse déjà exhortait
son peuple à prêter de l’argent, sans jamais en emprunter. L’emprunt
avec intérêt entre juifs est religieusement interdit. Cette passion de
l’or est confirmée par le nom de nos plus célèbres économistes : Marc
Touati, Elie Cohen, Alain Minc, Guy Sorman … Neuf fois sur dix notre
ministre des finances appartient à la race errante. Alors que la
population juive de notre pays est d’un pour cent ». »
Race errante »
: tout le monde aura noté cette référence étonnante quand on sait qu’il
était lui-même issu d’une famille juive qui avait fait un temps fait
fortune dans le coton égyptien et la banque, ce que Dieudonné ne pouvait
ignorer !!! Comme il ne pouvait ignorer les phrases démentes de de
Menasce sur ses amis des débuts politiques :
»les plus enragés
partisans des sans papiers appartiennent à la race de Judas : la bête
juive Emmanuelle Béart, la bête juive Stéphane Hessel, la bête juive
Alain Krivine, la bête juive Patrick Gaubert, la bête juive Mathieu
Kassovitz, la bête juive Arno Klarsfeld »… (dans
« Vérité et synthèse, la fin des impostures »). Comment
a-t-on pu écrire au XXeme siècle et même au XXI eme pareille
littérature antisémite demeure confondant ! Dieudonné, parlant ensuite
d’excision, et des
« mutilations religieuses », exprime ici
directement ses influences douteuses et nous montre que son discours n’a
rien de cohérent : on a démarré l’interview sur sa présence à la fête
BBR le voilà à traiter du besoin de la circoncision ou non ! Le 16
novembre 2006, Le Pen renvoyait l’ascenseur à la télévision en saluan
t Dieudonné pour sa venue au BBR. C’était
bien un coup médiatique préparé en douce par les deux états majors, qui
en espéraient de fortes retombées médiatiques, ce qui a été le cas. En
faisant le coup du -secret pas secret- auprès d’eux… Bref, une belle
manipulation !!!
Le choc Dieudonné
Les propos incroyables et inadmissibles de Menasce sont toujours en vente, en France, dans la librairie d’Henry Coston,

collaborateur sous Vichy (il était membre du
Parti populaire français le PPF, de
Jacques Doriot à
gauche la une d’un de ses journaux) reprise à sa mort par le
néofasciste déclaré Jean-Gilles Malliarakis. Coston avait démarré tôt
son délire antisémite : dès 1934, il était déjà le correspondant
français de la
Weltdienst, le centre allemand de propagande
antijuive installé à Erfurt et dirigé par Ulrich Fleischhauer ! La une
retrouvée de son journal était très significative. Condamné à perpétuité
pour collaboration en 1947, il avait été gracié en 1955. Or c’est
justement chez Jean-Gilles Malliarakis, le fondateur
« d’Action Nationaliste », qui faisait le coup de poing en mai 68 avec le
GUD et
son magazine d’extrême droite « Le Choc du Mois », que Dieudonné fera
une interview scandaleuse en mai 2006, pour son tout premier numéro
(*). Dû à la confidentialité de la distribution du magazine, elle
passera un peu inaperçue. Et pourtant ! Il y avait énormément de choses à
apprendre de Dieudonné, dedans. Et de son évolution des dernières
années, surtout. Un aveu tout d’abord sur son virage à 180° en politique
:
« Tout le monde évolue, les événements évoluent. J’ai évolué car
une certaine conscience politique m’est venue avec le temps. Mais il
faut aussi savoir que, malgré tout, nous sommes toujours le produit d’un
milieu, d’une éducation. Celle que m’ont donnée mes parents était
plutôt à gauche. Et puis il y a eu le théâtre soit tout ce que j’ai
voulu faire depuis mon plus jeune âge. Avec Elie, nous avons réussi à
percer assez jeunes. Ensuite, je m’installe à Dreux avec ma femme et mes
enfants…» 
Dieudonné explique ensuite qu’il s’est intéressé à la politique :
«
Oui au départ je suis bercé par une propagande, fondée sur des
impostures antiracistes, du genre SOS-racisme. Dans le monde du
spectacle, il faut savoir qu’on est assez encadrés. Et, en tant que pur
produit de ce milieu, je me bats donc contre le FN et je bénéficie
évidemment de tous les soutiens possibles et imaginables (…). Alors
j’étudie, je me renseigne, je lis beaucoup (…) » Un peu plus loin,
reparle de SOS Racisme et de Malek Boutih : « il (a) lui-même participé
de cette gigantesque hypocrisie en tant que cadre de la police des
esprits, même s’il en est revenue depuis.(…). Moi je n’ai jamais eu ma
carte à SOS Racisme. J’ai fais pas mal d’erreurs dans ma vie mais pas
celle là ! Je refusais même d’aller à leurs dîners. Je crois que ces
associations qui manipulent l’antiracisme à des fins politiques
devraient être dissoutes dans les années à venir, au-delà même de leurs
anciennes malversations financières. » Sacré changement de cap, d’un Dieudonné parlant «
d’imposteurs »
pour ses premiers frères d’armes en politique !!! Un Dieudonné qui
avoue benoîtement ne s’être pas renseigné sur l’antiracisme, dont il
parle désormais comme d’une escroquerie, et bien davantage sur le
racisme… qui semble très bien lui aller, à moins qu’il ne veuille le
voir chez ceux qui lui auraient soi-disant ouvert les yeux sur la
question. Dieudonné avouant n’avoir eu qu’un seul type de lecture, ce
qui appuyait fortement la thèse de ses sources à sens unique (et
exclusivement américaines comme on a pu le voir !).
Dieudonné, qui ne veut pas voir la réalité en face

Dans
cette interview saisissante, toujours, il y a tout Dieudonné (ici à
gauche en 1999, quand on l’invitait encore à la télé) : celui qui, en
particulier, de refuse à s’imaginer antisémite. Questionné sur les
présidentielles de 2002, il répond :
« A ce moment, je commence à
avoir un sérieux doute. Cette sorte de meute me parait suspecte, même si
je fais partie des manifestants. Je défile, mais à reculons, en
traînant des pieds. J’ai dans la bouche un arrière goût de pisse
persistant. J’hésite à aller voter pour quelqu’un que la gauche voulait
mettre en prison trois jours avant. Mais il y a la pression familiale,
un contexte professionnel, un endoctrinement puissant. Et ce ne sera
qu’après mon propre lynchage médiatique que je comprendrai à quel point
ce système est terriblement efficace. On prétend que je suis antisémite,
ce qui permet de me rendre compte qu’avant, un antisémite, c’était
quelqu’un qui n’aimait pas les juifs, alors que dorénavant un antisémite
est quelqu’un que le CRIF (Conseil représentatif des institutions
juives de France) n’aime pas. » Enfin, revenant sur sa prestation –
provocatrice à l’égard des juifs – dans l’émission de Marc-Olivier
Fogiel en décembre 2003, Dieudonné ironise : « Là j’ai fait fort, d’un
seul coup, j’ai détrôné Jean-Marie Le Pen dans le rôle du grand méchant.
J’avais tout pour devenir un chevalier Jedi mais j’ai mal tourné. Je
suis devenu un seigneur Sith ! C’est moi le nouveau Dark Vador ! Et Le
Pen est presque devenu plus fréquentable que moi, c’est dire. Je suis le
champion actuel, mais peut-être n’a-t-il pas dit son dernier mot. Je le
crois plein de ressources »… Inimaginable correspondance et
comparaison entre les coups médiatiques d’un Le Pen et ceux de Dieudonné
! En tout cas, au sortir de cette interview, une chose est sûre :
Dieudonné n’est plus de gauche… mais bien devenu d’extrême droite !
Les hommes de l’ombre, tous issus de l’extrême droite

Le journal, le jour de la rencontre BBR avec Le Pen, grâce à l’ineffable Jules, révèle un autre lien important :
« une autre photo, toujours sur le site Allain Jules Meynié, montre Dieudonné, donnant l’accolade à Jean-Emile Néaumet, alias Nicolas Gauthier (ici à gauche), journaliste au mensuel le Choc du mois, (nota : il était le rédac-chef du
magazine trash « Flash » qui a fait faillite le 12 septembre 2011)
qui l’a interviewé pour le compte de ce magazine (c’est celle qu’on vient de lire).
Dieudonné y déclarait entre autres : «Dorénavant, un antisémite est quelqu’un que le Crif (Conseil représentatif des institutions juives) n’aime pas», se posant ainsi, lui aussi, en victime diabolisée. «Sa présence ne doit rien au hasard, croyez-le bien», affirme
un cadre du parti d’extrême droite qui soupçonne, sourire aux lèvres,
Le Pen lui-même, d’avoir négocié en direct cette visite avec
Dieudonné ». Néaumet-Gauthier l’est effectivement, de droite
extrême, et de longue date, comme il l’expliquera en se présentant ainsi
dans le site de Soral : »p
ar principe, je n’aime guère parler de
moi. Mais allons-y ! Je suis titulaire d’un CAP d’arts graphiques, mon
seul diplôme de Bac moins deux… Je commence comme simple maquettiste au
quotidien Présent en 1984. Et j’ai la chance d’apprendre le métier à
l’ombre des grands : Jean Madiran, Roland Gaucher de National Hebdo et
Jean Bourdier de Minute. Assez tôt, ils me permettent d’écrire mes
premiers papiers. Comme je pense être un gros malin, je suis persuadé
qu’ils ne remarquent pas que je tente de vampiriser leur style, leurs
structures de phrases ; bref, tous leurs petits trucs d’artisans… Plus
de dix ans plus tard, j’avoue ma forfaiture à Jean Bourdier qui me
répond : “Mon jeune ami, vous ne croyiez tout de même pas que j’étais
dupe. Mais je ne connais pas d’autres moyens d’apprendre le métier.
D’ailleurs, en mon temps »… son parcours politique vaut lui aussi
un paquet de cerises, lui qui se définit comme « Maurassien »
essentiellement islamophobe :
« On
va faire court : je participe ensuite à la création du Choc du mois en
décembre 1987, pars après à Minute, fonde Paris Scandale, sorte de
Charlie Hebdo de droite de l’époque – on tiendra deux numéros,
seulement. Dans la foulée, je seconde Philippe Randa dans l’aventure de
son journal Pas de Panique, deviens le nègre de Samuel Maréchal, alors
patron du Front national de la jeunesse, me retrouve dans la crise de
décembre 1998 avec la tentative de putsch de Bruno Mégret, et deviens
l’un des “gardes rouges” de Le Pen »… ajoutant encore comme un aveu
« il
y a aussi un autre texte dont je suis plutôt fier : la rédaction de la
profession de foi de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection
présidentielle de 2002″. L’homme qui a écrit des blues pour son
ami Patrick Verbeke avec qui il a rédigé un livre sur Clapton a
d’étranges fréquentations… à vouloir à tout prix défendre l’indéfendable
avec des phrases du type
»et alors ».
Flash, et ses liens avec Serge Ayoub

On retrouvera la liste des intervenants du magazine Flash dont il était devenu rédacteur en chef : »
Alain
Soral quittera la rédaction en 2011, qui affirme en avril gagner chaque
jour (le nouveaux lecteurs, alors que la rumeur annonce sa mort. Parmi
son équipe figurent Pierre le Vigan. Béatrice Péreire. Arnaud
Guyot-Jeannin. Clovis Casadue (c’est Claude Covassi, sous un faux nom, comme on verra plus loin)
. Alain de Benoist. Philippe Randa, Christian Bouchet. Topoline. Pinatel ». Avec une précision d’importance :
»En fait, le titre disparaîtra, et la librairie Primatice sera reprise par Serge Ayoub (de Troisième Voie) ». Ayoub, détenteur de la librairie jadis tenue par Philippe Randa, ancien du
Parti des forces nouvelles. Un Ayoub qui transformera la librairie en
boutique de vêtements :
« côté
articles, de nombreux sweats et T-shirts, de marques prisées par le
milieu nationaliste, telles que Spirit of the street ou Casual, à côté
de la marque made in Troisième voie, Local against global. Pas de Fred
Perry, la marque étant jugée trop chère: le discours socialisant est
donc adapté au commerce. Malgré cela, on remarque quelques détails qui
montrent que le public visé par la boutique ira sans doute au-delà de
l’officiel solidarisme, avec ici quelques t-shirt d’inspiration
néo-nazie, ou l’écusson de la division française SS Charlemagne, même si
ces symboles restent minoritaires parmi les articles proposés. Des DVD
sont également entreposés, principalement ceux produits par Troisième
voie, même si dans un coin Pierre Vial, ou encore Pierre Sidos, pointent
leurs têtes sur une jaquette. On trouve également de la musique, des
livres ou des revues telles que la nationale-bolchevique Rébellion ou
des vieux numéros jaunis de Hara-Kiri. Bref, un rassemblement
hétéroclite témoignant de la volonté d’affirmer une contre-culture
underground et nationaliste ». A part ça, Dieudonné aurait « découvert » récemment Ayoub lors de l’affaire Méric ? Vaste rigolade !
A noter que le
»Samuel Maréchal », des
jeunesses du FN, cité étant bien l’ex-mari de Yann Le Pen, n’est autre
que le père d’adoption de l’actuelle Marion Maréchal-Le Pen, fille de
Yann Le Pen et sœur de Marine : on vient juste de d
écouvrir quel est le véritable géniteur)…
Qui a rapproché Le Pen de Dieudonné ?

Le Canard Enchaîné avait fait l’enquête sur comment Dieudonné s’était réconcilié avec Le Pen
:
« Les contacts officieux se sont poursuivis par la suite. Dieudonné est
devenu un proche de Fahrid Smahi, ex-conseiller régional FN d’Ile de
France. Et il s’est lié d’amitié avec un autre pilier de la Lepénie,
l’écrivain et ancien militant communiste Alain Soral, qui a intégré la
petite équipe chargée de préparer le programme du candidat du Front
National. Le dernier parrain de Dieudonné dans ces mêmes eaux n’est
autre que Frédéric Chatillon, ancien secrétaire général du GUD, une
organisation étudiante d’extrême droite. C’est au retour d’une
expédition des « nationaux » au Liban, en août dernier, que Chatillon et
Soral ont convaincu le directeur du cabinet du chef, Olivier
Martinelli, de monter l’opération Dieudonné à la fête du Bourget (ci-dessus la rencontre à
Beyrouth
en août 2006 dans les bureaux d’Al Manar, la chaîne de télévision du
Hezbollah, le parti islamiste intégriste libanais qui tient des propos
antisémites). «
C’est ainsi que Dieudonné a pu participer à
la fiesta des Bleus-Blancs-Rouges, et visiter les stands au moment
précis où Le Pen y effectuait sa tournée des popotes. Cette coïncidence a
permis une rencontre devant des caméras qui donnait toutes les
apparences de la spontanéité. Dès le lendemain, sur LCI, l’ »humoriste »
affirmait d’ailleurs qu’il fallait « cesser de dire que cet homme là
est le diable. Il y a une rumeur qui ne correspond pas à la vérité ». Il
est loin le temps où, en 1989, à Dreux, Dieudonné se présentait, au nom
de l’antiracisme, contre Marie-France Stirbois ». Mais c’est bien connu, à l’extrême droite, il y a toujours quelqu’un pour dire le contraire de ce qui est dit officiellement :
« tout
irait donc pour le mieux dans le petit monde frontiste si Marine Le
Pen, ne détestait pas autant le nommé Martinelli, promoteur de la venue
au Bourget du fantaisiste, et si elle n’avait pas hurlé contre
cette opération. Car, au même moment, elle déroulait le tapis rouge
devant une délégation de la Ligue de Défense Juive, une organisation
pour le moins musclée, à la grande colère d’une autre partie des cadres
du FN »… Le FN a toujours été un marigot où les crocodiles se dévorent ou se donnent mutuellement des coups de queue
… où s’entredévorent.
La fille s’écarte du père sur la question juive

On
s’entredévore jusque dans la famille, au sein du FN, c’est bien connu.
La famille Le Pen bien sûr. Le patriarche semble moyennement apprécier
certaines orientation de sa fille, et commence même déjà à lorgner vers
la nièce de cette dernière (et la petite fille de Jean-Marie), dont les
parents sont alors en cours de divorce : celle-ci n’adhérera qu’en 2008
au FN alors qu’elle n’avait pas encore 20 ans. Ce qu’il reproche à sa
fille, ce sont certains liens, notamment avec … des pro-israël (des
juifs, pensez-donc !), et notamment la Ligue de défense juive et son
représentant Jean-Claude Nataf, dit « Carlisle »… qui lui a été approché
par l’un des lieutenants de son père, devenu entre temps celui de sa
fille : c’est Philippe Peninque, un ancien « dur » chez les GUDistes, en
compagnie de Frédéric Chatillon, autre grand ami personnel de Marine le
Pen. Une photo plus tardive (ci-dessus à gauche) confirme que les deux
se connaissent, se parlent et se sourient même lors d’une manifestation
(Peninque étant l’homme aux cheveux blancs, Nataf étant à gauche).
L’autre est un drôle de policier, Michel Thooris, originaire de Tlemcen
en Algérie
, ancien militant du Mouvement pour
la France de Philippe de Villiers dont il est devenu proche (de 1999 à
2005), comme spécialiste des questions de sécurité. Il fondera
l’éphémère « Parti anarchiste révolutionnaire » (taxé d’extrême-gauche
!) en 2007, alors qu’il est déjà en négociation avec la future
dirigeante du parti d’extrême droite pour la rejoindre. Visiblement, la
fille cherchait déjà des relais de contacts avec des supporters
d’israël. Celle-ci, en 2001 se rendra aux Etats-Unis pour rencontrer en
Floride le très influent William J. Diamond, de la synagogue de Palm
Beach, un des responsables surtout du très important American Israel
Public Affairs Committee (AIPAC), immense « lobby pro-Israël » aux USA,
et surtout un proche de l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani,
qui l’a même marié. La fille cherche visiblement à rencontrer par des
voies détournées des extrémistes israéliens, dont l’approche n’est plus
un tabou chez elle, contrairement au père ou à ses plus fidèles
lieutenants.
Sous l’influence de Soral

Un
homme va revendiquer aussi avait été l’artisan de ce rapprochement :
c’est bien entendu Alain Soral (ici à gauche avec Marc-Édouard Nabe, de
son vrai nom Alain Marc Édouard Zannini, auteur provocateur antisémite
déclaré et revendiqué **), qui joue alors des faveurs directes de JM Le
Pen qui l’a fait entrer au bureau politique du parti sur sa seule
recommandation (avant qu’il ne claque la porte avec fracas, embarrassé
par l’arrivée de la fille et de son encombrant compagnon) : un Soral
qui écrira le 29 avril 2008 un texte sidérant que n’aurait pas renié son
ancien patron, contrairement à ce qu’on pourrait penser au début de sa
lecture :
« Monsieur Le Pen a tort, la chambre à gaz n’est pas un
détail. Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout
sauf un point de détail, c’est même aujourd’hui, plus qu’hier encore, la
religion, le dogme autour duquel tourne toute l’époque contemporaine.
Dans l’ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la
croix du christ. Pourtant, ou justement pour ça, au nom du droit à la
libre pensée face à ceux qui croient et veulent nous obliger à croire,
je réclame le droit, pour Jean-Marie Le Pen, de considérer la chambre à
gaz comme « un point de détail de la seconde guerre mondiale », comme
tant d’autres se donnent le droit de chier sur la croix. Que ce soit
celle d’hier ou d’aujourd’hui, le citoyen libre se doit de lutter contre
toutes les inquisitions et leurs cortèges sanglants de bûchers et
d’abjurations. Nous, européens, n’avons pas mis trois siècles à nous
émanciper du pouvoir temporel du Pape pour en arriver là ! Aujourd’hui,
dans ce climat de judéomanie délirante – une judéomanie délirante et
suspecte qui tient plus de l’esprit de la Collaboration que du combat
pour le bien et l’amour des hommes – plus les souffrances de la guerre
s’éloignent, plus c’est la seconde guerre mondiale toute entière qui
devient un détail de la chambre à gaz ! 50 millions de morts, russes,
communistes, polonais, anglais, américains, civils, résistants, japonais
et mêmes allemands et, parmi eux, 500 mille morts Français, ce n’est
presque plus rien face à la chambre à gaz, ou aux 28 mille enfants juifs
que certains voudraient faire assumer pour l’éternité aux écoliers de
France innocents… ». Soral, lui aussi partisan de minimiser la
Shoah ! L’histoire ne disant pas ce que Marine le Pen va pouvoir faire
des anciens amis de son père, qui se font imprimer leurs affiches par
celui qui a failli couler le paquebot du père…marigot ai-je dit au FN…
Et si le FN avait changé de tactique ?

…
c’est la question pas si folle que ça que d’aucuns se sont posée, et
qui se résume à un virage à 180° de l’extrême droite vis à vis de sa
position sur l’électorat musulman : c’est Vigilance Laïque qui l’affirme
en février 2006, non sans de sérieux arguments :
»le cercle
restreint de M. Le Pen semble avoir adopté une telle stratégie depuis un
certain temps. En 1999, Samuel Maréchal, l’un des beaux-fils de M. Le
Pen (c’est le père de Marion Maréchal !), s’était publiquement réjoui du
fait que la France devenait « une société multi-ethnique et
multi-religieuse » et que « l’islam était devenu la deuxième religion de
France ». Ces propos avaient été accueilli par des protestations parmi
les rangs du Front National et M. Maréchal avait dû démissionner de
plusieurs de ses fonctions du parti. Il est pourtant demeuré l’un des
plus proches conseillers de M. Le Pen ». Et il n’aurait pas été le seul :
« plus récemment, Jean-Claude Martinez, député européen et conseiller
stratégique de M. Le Pen, a réitéré le défi de M. Maréchal (ici à gauche
avec JMLP) dans un livre publié sous le titre improbable de »A tous
les Français qui ont déjà voté Le Pen ». Il argumente que le Front
National doit s’adapter à la mondialisation, oublier certains de ses
mythes fondateurs, comme celui de « Jeanne d’Arc combattant une invasion
étrangère », et accueillir les immigrés noirs et arabes dans le giron
national. Il a même exprimé son enthousiasme pour la musique rap des
arabes et des noirs, tant que les paroles sont en français plutôt qu’en
anglais. Et cette fois-ci personne n’a parlé de mesures disciplinaires
contre cet hérétique. Diverses sources rapportent désormais que M.
Martinez a le soutien de Marine Le Pen, la fille aînée et successeur
désignée de Jean-Marie ». 
Pour
l’instant dans les faits ce n’est guère encore le cas (les musulmans
ont voté en masse pour François Hollande), mais cela expliquerait bien
des choses en effet. Le père (d’adoption) de Marion, exclu du FN pour
avoir tenté d’expliquer de s’intéresser de plus près au vote musulman !
Cinq ans plus tard, on pourra voir de visu cette évolution. En photo, on
a Jean-Marie Le Pen avec Omar Djellil, ainsi présenté par Bondi Blog :
en effet,
« en mars 2011, premier pas, il appelle à voter FN au
second tour des élections cantonales. En avril, aux côtés de Stéphane
Durbec, conseiller régional FN, il visite le quartier de la Porte d’Aix
ainsi que la mosquée de la rue Camille-Pelletan, dont il est alors le
secrétaire général. En mai, enfin, une première rencontre avec
Jean-Marie Le Pen est organisée. De là, va naître, selon les propres
mots d’Omar Djellil, « une relation privilégiée » avec le
président d’honneur du FN. Entre eux deux, s’installe un respect, mêlé à
la fois de fascination et d’une sorte de repentance mutuelle. La
famille Djellil a un long passé militaire, rempli de médailles et de
faits d’armes, et les deux hommes trouvent là un terrain d’entente
approprié. »… L’homme ne semble toujours pas accepté au sein même
du FN, surtout chez… Julien Rochedy, bouillant président du FNJ ! Une
plainte pour
menaces de mort aurait été déposée. Si les jeunes ne comprennent pas les vieux, où va-t-on !
La conquête de l’électorat musulman

Une analyse qui se poursuit avec un caractère implacable :
»le Front National a toujours été une coalition de deux familles politiques très distinctes : les néo-fascistes, comme M. Le Pen, (en photo avec le nazi Franz Schönhuber)
et
les chrétiens traditionnels d’extrême-droite. Les néo-fascistes pensent
que les Juifs et les Américains sont les véritables ennemis, plutôt que
les arabes et musulmans. Dans un sens, ils tendent même à considérer
les arabes et musulmans comme des camarades fascistes. Quant aux
chrétiens d’extrême-droite, ils voient les arabes et les musulmans comme
l’ennemi juré. Pendant des années, M. Le Pen a prétendu être un
chrétien d’extrême-droite plutôt qu’un néo-fasciste et que la résistance
à l’immigration musulmane étaient son principal cheval de bataille. Il
est désormais passé du côté de la branche des néo-fascistes et est prêt à
abandonner le sujet de l’anti-islamisme. Les chrétiens
d’extrême-droite – qui pourraient avoir fourni jusque là plus de 50 %
des militants et des électeurs du parti – sont horrifiés, se sentent
trahis et ont commencé à déserter en masse. Beaucoup se sont tournés
vers Phillipe de Villiers, le chef français de l’euro-scepticisme,
lequel est en train de rapidement réorganiser son parti, le Mouvement
Pour la France, MPF, en un groupe nataliste, chrétien et
anti-musulman ». En somme, pendant que le père va baptiser les
enfants de ses amis dans une église de chrétiens traditionnels, la fille
fait les yeux doux aux électeurs musulmans. Ça se tient, à part qu’elle
les fait aussi envers les juifs, ce qui provoque de sacrés heurts au
sein du parti…De Villiers ayant depuis sombré, empêtré dans d’autres
problèmes insolubles semble-t-il. Dans le livre de ‘l’infiltrée » Claire
Checcaglini avait été expliqué ainsi
cette difficile pèche aux voix musulmanes : « dans
un chapitre, elle affirme qu’un cadre du parti lui a confié des propos
tenus par Marine Le Pen lors d’un entretien. «Nous n’aurons jamais les
voix des musulmans, c’est une cible que je n’ai pas. Si je caresse
l’islam dans le sens du poil de temps en temps, ce n’est pas pour eux,
c’est pour les Français qui croient encore, ces cons-là, que l’islam est
une religion (…) Si je dis que l’islam n’est pas fréquentable, que
c’est la pire des choses, ils me traiteront de raciste et ne voteront
pas pour moi», fait-elle dire à Mme Le Pen dans la bouche de ce cadre. »
Abandon au second round
En octobre 2006, le « bouffon » (je rappelle que c’est lui qui
s’était présenté politiquement ainsi en 1997) se retirait de la course
présidentielle (pour la seconde fois) : «
La mine déconfite, pas très à l’aise, Dieudonné est d’abord agressé par les lumières braquées sur lui.« La vache, même sur scène, j’ai jamais ça », se lamente-t-il, avant de s’assoir à côté de son ex-directeur de campagne, le sympathique ancien sympathisant frontiste Marc Robert.
C’est néanmoins sur scène – un grand bonhomme a d’ailleurs demandé aux
journalistes de couper leurs portables –, celle de son théâtre de la
Main d’or, qu’il annonce tristement le retrait de sa candidature. La « recherche des 500 signatures, et du budget pour les 500 signatures », malgré les valeureux efforts de Marc Robert, a échoué. « Dans cette démocratie, les règles sont difficiles », alors, « je vais recentrer mon énergie sur la scène. Je serais plus efficace sur scène » marmonne Dieudonné. L’humoriste glose sur sa « diabolisation » ou sur le silence des médias, notamment au sujet de son voyage au Liban. »
« Celui qui se décrit comme « un histrion » et « le bouffon de la
République », indique qu’il va « recentrer toute son énergie à la
scène ». « Je suis avant tout un homme de spectacle », confie-t-il, sur
un ton plaisantin qu’il n’abandonne jamais, ironisant sur les médias qui
ont voulu le faire passer pour « la branche humoristique d’Al-Qaida ». Ce
qui va devenir un de de ses slogans favoris ! Bakchich en profite pour
tailler un superbe costume à son responsable de campagne :
»Marc Robert justement, est plus en forme. Il égrenne voluptueusement sa rhétorique. « Le
système est bien fait : ceux qui ont les moyens d’être candidats sont
ceux qui ont les moyens financiers. Le système préfère vivre avec des
candidats non représentatifs qu’avec des candidats subversifs » et
ta ta ti et ta ta ta. Mais le système Dieudonné peut-il continuer à
vivre avec des aides de camps aussi ineptes ? Apparemment oui : s’il ne
peut être le directeur d’une campagne qui n’existe plus, l’ami Robert
reste dans le course. « Je vais bosser pour sa com’, pour le DVD ».
La théorie du complot… informatique !
Dieudonné incapable de réussir à se présenter ? Il a invoqué, on l’a
vu, à plusieurs reprises, le « lobby sioniste » (traduisez par lobby
juif chez lui) comme raison essentielle à ces échecs successifs. Mais sa
grande paranoïa grandissante l’a mené bien plus loin ces derniers
temps, avec une incroyable théorie du complot… informatique. Piochée
bien sûr sur le net ! Interviewé en Algérie, où il a pris l’habitude de
faire des confidences car ses fans y résident en masse voici ce qu’il a
dit:
»C’est-à-dire, en France notamment. Le vote en lui-même est
sujet à caution, puisque moi, dans ma région, on vote par voie
électronique, c’est-à-dire que pour voter, il faut appuyer sur deux
boutons. Ensuite, c’est transmis au ministère de l’Intérieur et c’est
lui qui vous dit pour qui vous avez voté. Donc, dans ce monde-là, où
l’obscur est partout, le vote qui doit être normalement l’élément qui
détermine la démocratie est complètement biaisé en France. On vote mais
on ne sait pas pour qui. En plus de cela, moi, j’étais déclaré
inéligible pendant trois années. Je ne sais pas pourquoi, peut-être
qu’ils avaient peur que l’antisionisme réalise des scores importants
dans les années qui viennent. » C’est une parole à ranger dans le
cas de la psychiatrie, ou dans celle des pires écrits des années 30 sur
les » forces obscures » et « cachées » qui dirigent les pays, Dieudonné
est bien devenu résolument complotiste, à tous les stades de ses
fumeuses « analyses »…
»Le monde ou l’obscur est partout »… en fait dans le Loir et Cher ce sont des machines pour le vote dans l’enseignement supérieur
qui ont été installées. Lors de sa dernière élection (il a perdu le droit de voter depuis), on a vu Dieudonné se rendre dans son village pour
voter avec un matériel bien classique.
Pas encore banni pour autant de la vie politique

Mais
il n’est pas encore totalement pestiféré pour autant : le 9 septembre
2006, »l’antisioniste », devenu tête de liste à l’élection européenne
en Ile-de-France, manifestait à nouveau avec les Sans-Papiers parmi 10
000 participants où l’on pouvait croiser à nouveau José Bové, aux côtés
de Dieudonné (voir photo) mais aussi Jack Lang, Olivier Besancenot,
Aminata Traoré (l’ancienne ministre de la culture du Mali),
Jean-Baptiste Eyraud, Mouloud Aounit, Dominique Voynet, Albert Jacquard.
Lors de son retrait, Dieudonné, en éternel manipulateur, avait
conseillé à ces sbires d’aller voter… Bové. »
Dimanche 14 janvier,
jour du sacre de Nicolas XII, empereur de l’UMP, j’en appelle à tous les
gueux, tous les vilains du royaume. Comme vous le savez, je me suis
retiré de la course à l’élection présidentielle, mais je reste un
citoyen engagé, qui au travers de rencontres d’ouvertures, parfois
étonnantes, cherche à se forger une opinion d’homme libre et j’invite
chacun à faire de même. J’appelle aujourd’hui à signer la pétition (…)
afin de soutenir la présence de José Bové dans la campagne à l’élection
présidentielle et favoriser ainsi le débat authentique qu’attendent les
Français », écrivait Dieudonné dans un communiqué publié sur
son site. De l’art de semer la discorde, dira-t-on :
« aussitôt,
Bové et les initiateurs de la pétition ont refusé ce soutien,
considérant être « en total désaccord avec les prises de positions et
initiatives publiques récentes de Dieudonné ». « En conséquence, nous ne
comptabiliserons pas sa signature », écrivent-ils sur le site de la
pétition. » Dieudonné pouvait s’en féliciter : encore une fois il
avait réussi à détourner l’attention des médias, qui commençaient à
fouiner sur ces possibles financements syriens, ou ses contacts plus ou
moins secrets avec le FN. Et réussi à jeter le doute chez les écolos à
défaut d’avoir réussi à séduire les agriculteurs ou les chasseurs !
Tous venus applaudir des blagues antisémites

L’année
2006 se refermait sur une ultime photo. Celle prise le 18 décembre,
dans le carré VIP d’un des spectacles parisiens de Dieudonné, dans
l’enceinte même de la Main d’Or. On pouvait y distinguer, outre
Dieudonné : Bruno Gollnisch, Jean-Michel Dubois (ancien du RPR, proche
de
Robert Pandraud, passé
au Front en 1995, longtemps chargé des finances du parti, c’est aussi
l’organisateur de la fête BBR où Dieudonné à rejoint LePen, en 2009 il
rentrera en conflit avec … Soral), Alain Soral (pas encore fâché avec
Dubois) et Jany Le Pen, la femme de Jean-Marie, ainsi que Roland Dumas,
ancien ministre sous Mitterrand, dont la dérive droitière s’est amorcée
depuis des années. Tous venus applaudir l’artiste dans son spectacle
« Dépôt de bilan », et tous un verre de champagne à la main…. Le Canard
Enchaîné a assisté le 20 mai de cette année-là au spectacle de
Dieudonné au Théâtre de la main d’or
»dans lequel il enchaîne les
blagues antisémites : « Vous connaissez l’histoire de Bernard-Henry Lévy
qui va au marché acheter des patates ? Comme le kilo est à 1,30 euro le
philosophe milliardaire marchande et proteste : « Avec 6 millions de
morts, vous pourriez me faire un prix quand même ! ».
«
Tout se spectacle parano baigne dans une ambiance de fin du monde,
comme dans ce sketch morbide où Dieudonné joue Hitler dans son bunker
avalant du cyanure », commente l’hebdomadaire qui raconte un autre
sketch dans lequel Dieudonné dans la peau d’un rédacteur en chef ordonne
de changer la une car Roger Cukierman, le président du CRIF, a attrapé
un rhume, victime d’ « une attaque de microbes antisémites ». Pour le
Canard Enchaîné, « dans ce nouveau et pénible spectacle, le comique fait
ses adieux à l’humour avec des blagues clairement antisémites ». « On
peut rire de tout mais plus avec Dieudonné », estimait alors
l’hebdomadaire. Des photos, on en découvrira d’autres, beaucoup plus
compromettantes. Faites en 2006 déjà à Montretout, dans la villa de
Jean-Marie le Pen en personne, en présence du couple Chatillon et du
couple Dieudonné.
Celui qui n’apprécie pas Marine
On l’a vu tout à l’heure, le rapprochement envisagé par la fille avec
lex extrémistes de droite israélien n’est pas franchement apprécié
partout au sein du FN. Celui qui met en cause le plus, cette orientation
n’est autre que…. Marc George, celui qui sert de directeur de campagne à
Dieudonné. Il l’avouera plus tard en 2013, en révélant pourquoi : selon
lui, Marine le Pen était fort éloignée de la sinistre notion de
« détail » de son père, auquel lui semblait tant tenir… avec Dieudonné :
quatre ans plus tard, en effet, voici ce qu’il parle des
: « accointances judéomanes »(sic) de Mme Le Pen. Ainsi, déclare-t-il: Marine Le Pen, « croit à l’histoire
officielle de la seconde guerre mondiale, elle pense que le peuple juif
est un peuple victime et elle sait qui a le pouvoir. Si elle gagne,
elle ira en Israël comme elle a déjà tenté de le faire, elle ira à Yad Vashem rallumer la flamme, au Vel-d’Hiv’ demander
pardon non pour elle-même mais pour son père et pour la France, ce qui
est particulièrement abject. Lorsqu’il s’agit de la seconde guerre
mondiale, Marine Le Pen trouve parfaitement normal que la France soit
présentée comme étant complice d’un génocide, comme étant une nation
raciste, collaborationniste, délatrice. Ce qui est un ignominie, une
infamie. C’est totalement insupportable. Marine Le Pen ne fait pas que
se soumettre à cette idéologie antifrançaise. Pire, elle y croit. Elle
est donc totalement incurable ». Et c’est le même individu,
plutôt chaud oartisan de la fidélité à Bruno Gollnisch, qui aurait en
2006 travaillé au rapprochement avec le père… car ce dernier, lui, au
moins, perpétuait au FN la bonne vieille tradition antisémite qui
évitait tout rapprochement de la sorte ! Résulat si on a pu voir
Dieudonné poser avec le père, on ne le verra jamais le faire avec la
fille. Ce qui est fort symptomatique en effet !
Gollnisch qui renie son négationnisme au tribunal !

Le Canard Enchaîné, qui, le 15 novembre, ajoutera encore sur cette inacceptable et sournoise légèreté, en écrivant que »
c’est
une sorte de fatalité : les lepénistes ont toujours des problèmes avec
les Juifs ou les Blacks. Sans parler des Arabes. Adieu, détail ! Y’a du
mou au Front ! Alors que la semaine dernière Bruno Gollnisch, le numéro
2, comparaissait au tribunal de Lyon pour contestation de crimes contre
l’humanité, l’avocat Alain Jakubowicz lui a demandé solennellement s’il
reconnaissait que « l’extermination organisée des Juifs d’Europe par le
régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale constitue un crime
contre l’humanité non contestable perpétré notamment par l’utilisation
des chambres à gaz ». Il a hésité… puis répondu par l’affirmative.
Devant témoins. A voix haute. Dans une enceinte de justice. Il faut dire
qu’en échange de cette déclaration, l’avocat de la Licra s’engageait à
abandonner les poursuites… » Gollnisch (photographié ici serrant
la main au leader suprémaciste blanc David Duke, ex leader du KKK)
revenant en une seule phrase sur une des plus grandes accusations
négationnistes. Preuve du peu d’intérêt réel qu’il portait à la
question… comme tous les négationnistes !
« jusque-là, Gollnisch
avait l’habitude de chipoter, tout ça se discute, les chambres à gaz,
faut laisser les historiens en parler etc. Les camps ne seraient pas un
« point de détail ». Et le Menhir ne dit rien ? Ne l’expulse pas ? Ne
le traite pas de tous les noms d’oiseaux ? Y’a des valeurs qui se
perdent… concluait en rigolant le Canard. » Que n’aurait pas fait
Gollnisch pour ne pas perdre son indemnité d’enseignant (***) ? Les
prises de position le buste droit fléchissent très vite chez lui devant
la dure réalité de la casserole à remplir . On oubliera vite ce
renoncement intégral au FN, pour en faire un autre « détail ». Les
crocodiles ont aussi la mémoire courte quand ils le veulent.
Heureusement qu’il y en a certains pour leur rappeler parfois les
tribulations jusqu’au Japon de ses leaders ….
Et pendant ce temps-là en Iran…

Le Monde nous l’apprenait en cette fin d’année-là : «
Manouchehr Mottaki, le chef de la diplomatie iranienne, a
inauguré lundi 11 décembre une conférence sur l’Holocauste unanimement
condamnée par la communauté internationale. Pendant deux jours, Téhéran
reçoit des universitaires étrangers révisionnistes, parmi lesquels
l’ex-universitaire et révisionniste français Robert Faurisson, condamné à de multiples reprises par la justice, l’Australien Fredrick Toben,
qui a passé plusieurs mois dans une prison allemande pour incitation à
la haine raciale, ou encore l’ancien membre du Ku Klux Klan et ex-parlementaire américain David Duke« . Le revoilà celui-là, tiens. Selon l’Express,
c’est bien Ahmadinejad qui en avait été à l’origine : « l
‘idée
de cette réunion est venue du président iranien Mahmoud Ahmadinejad
qui, depuis son arrivée au pouvoir en août 2005, a parlé à plusieurs
reprises de l’Holocauste comme d’un « mythe » et a dénoncé la « tumeur »
que constitue, selon lui, l’Etat d’Israël au Proche-Orient ». Un
résumé de la pensée dieudonnesque, en quelque sorte. Au milieu des
arrivants, on distingue des Juifs; ce qui surprend certains. Ce sont
bien entendu les juifs hyper-orthodoxes de Neturei Karta, les préférés
de Dieudonné, puisqu’ils nient l’existence même de l’Etat d’Israël,
salués par un texte immonde et honteux signé Ahmed Moualek
de la Banlieue S’exprime…. qui se fâchera lui aussi avec Dieudonné…
L’année 2006 se refermait sur cette horreur et une certitude en tout
cas : Dieudonné, qui tenait des propos antisémites sur scène, après son
échec aux présidentielles, se recentrait selon lui sur cette même scène
en affirmant abandonner la politique, ce qu’il ne fera pas… bien
entendu. L’homme étant aussi celui des promesses non tenues à
répétition. Les années qui allaient suivre, allait-on assister à un
déferlement de sentences du même tonneau ? La question pouvant aussi se
poser de cette manière : Dieudonné pourrait-il faire pire dans les temps
à venir ? La réponse, hélas, allait être oui.

(*) Le
« Choc du Mois » (ici le N°66 de juillet-août 1993) est un magazine
ouvertement d’extrême droite dirigé par Jean-Marie Molitor, qui est
alors également le directeur de l’hebdomadaire « Minute ». C’est la
reprise d’un titre qui avait été forcé de s’arrêter en 1993 après la
publication d’une interview de… Robert Faurisson !
(**) il a tout pour s’entendre avec Marc-Edouard Nabe, ce dernier ayant un jour déclaré
« la
Licra, vous savez ce que c’est ? Ce sont des gens qui se servent du
monceau de cadavres d’Auschwitz comme du fumier pour faire fructifier
leur fortune » ….
(***) «
Chez Bruno Gollnisch, (qui enseigne le japonais et est marié à une japonaise !), photographié ici avec David Duke du KKK, qui
a été déjà condamné en un premier temps pour négationnisme (et blanchi
hélas en 2009 en cassation !), une autre phrase clé de ce discours
oiseux est aussi revenue au premier plan (lui cite l’invariable
Dresde !) : »Il y a les bons et les mauvais criminels de guerre. Les
bons criminels de guerre, ceux-là qui sont pardonnés, sont les
vainqueurs. C’est ceux qui ont bombardé et fait éclater sous des
chaleurs de trois mille degrés les femmes, les vieillards, les enfants,
de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde ou d’ailleurs. Ca, ce sont les
bons. Et puis il y a les mauvais, c’est dans le camp des vaincus. » Sous
entendu encore une fois, ce qu’on a pu lire cette semaine sur Agoravox
comme quoi les alliés, à Nuremberg, ont condamné des gens qui n’auraient
pas dû l’être « en comparaison ». C’est à nouveau une tentative de
réhabilitation ! Ça, c’est typique des révisionnistes, en effet : les
vainqueurs « imposant leur loi », selon eux, ont donc pu….tricher. Du
révisionnisme, ou de l’inculture, on saute alors immédiatement au négationnisme : »ça n’est donc pas
vrai ». Mais « bon sang mais c’est bien sûr » se dit alors le gogo
alléché par la prose nauséabonde ! C’est bien toute la démarche d’un
Faurisson ! Faurisson, qui a aussi nié le journal d’Anne Franck et s’est
fait démonter comme jamais par… le vigilant Didier Daeninckx. Je vous
recommande la lecture de sa très belle démonstration ici-même. Daeninckx ayant soulevé un autre lapin avec le cas de l’origine française du Zyklon-B et des tonnages importés, qui devraient clouer le bec aux calculateurs faussés disciples de l’imposteur Rassinier. A propos d’Anne Frank, on peut aussi lire l’admirable ouvrage de son équivalent français, Hélène Berr morte à 24 ans à Bergen-Belsen. »
article de merde
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