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La question que l’on se pose en 2004, déjà est celle de la durée : depuis combien de temps Dieudonné a t-il succombé, déjà, aux sirènes de l’extrême droite, à lire ses propos réguliers à l’emporte pièce évoquant les mêmes idées. Présenté comme toujours de gauche lors d’une élection sous la bannière de défense des palestiniens, il s’en fait exclure en raison de son…voisinage avec des personnes traînant derrière elles de lourdes casseroles négationnistes. Parmi elles, un nouveau venu appelé Alain Soral,prétendu philosophe ayant auparavant hanté les studios de télévision dans des émissions « people » chez Evelyne Thomas (« je suis macho« ) ou chez Mireille Dumas (« j’étais un gigolo »), alors en train de se rapprocher du Front National, après s’être proclamé au départ… communiste (d’où son surnom de « rouge-brun »). C’est alors l’idéologie prônée par Alain de Benoist, qui devient aussi sa figure de proue. Soral va dérouler la sienne, toute teintée successivement d’antiféminisme flagrant (avec un machisme sidérant), de misogynie, d’homophobie, thèmes que reprendra à son compte Dieudonné, qui reprendra aussi un de ces thèmes essentiels, celui de l’antisémitisme, devenu de plus en plus flagrant chez le penseur autoproclamé, appelé paraît-il par Jean-Marie LePen en personne pour renouveler un parti vieillissant. Dès 2005, on peut facilement déterminer que l’humoriste est devenu le jouet du pseudo philosophe, à caler ses attitudes et ses déclarations sur les siennes, sans aucunement réflléchir à leurs conséquences. L’une des premières apparitions de cette fusion « idéologique » étant la rencontre entre le comique et celui qu’il avait appelé huit ans auparavant « le marabout borgne », qui va devenir le parrain d’un de ses enfants. Personne n’aurait pu imaginer cela à Dreux, en 1997. Beaucoup, à juste raison, crient déjà à la trahison. Ce ne sera pas la première...
Le démon de la politique le reprend
En
juin 2004, rebelote : Dieudonné se lance à nouveau en politique en
Ile-de-France sur une liste « Euro-Palestine » où il figure en très
bonne place (il est en seconde position). Une liste qui a comme seul
programme « le retrait de l’armée israélienne l’envoi, à
l’initiative de l’Europe, d’une force de protection de la population
palestinienne », et qui implore les gouvernements européens de refuser de « participer aux sales guerres de l’administration américaine, y compris sous prétexte de libération, pacification ou transition ».
Une bien belle cause en effet. A sa tête, juste devant le comique, on
trouve Christophe Oberlin, qui est chirurgien à l’hôpital Bichat, un un
des plus éminents spécialistes de la réparation des lésions nerveuses,
mais aussi un ex-militant socialiste (parti qui lui avait refusé son
investiture) et qui s’est déjà rendu à plusieurs reprises en mission en
Palestine. il y a aussi Olivia Zemor, présidente de la CAPJPO,
association pro-palestinienne anti-Sharon, qui est quatrième de liste
(les autres notables étant les professeurs Roger Salamon, et Sylvie
Deplus).
Dieudonné y sera de son couplet désormais habituel (c’est dans « Enfants de Palestine » !) : « l’attitude
irresponsable et arrogante des gouvernements israélien et américain
risque d’entraîner l’humanité dans une guerre planétaire où ce sera
encore une fois aux peuples de payer, de leurs vies, les folies de ces
super-puissances dirigées par des illuminés. L’Europe ne pourra fuir
éternellement ses responsabilités : c’est pour cela qu’il faut qu’elle
se positionne avec plus de fermeté sur les malversations de » l’axe
glouton » (américano-sioniste) ». Personne n’a remarqué que
Dieudonné ne fait déjà plus de la politique pour être élu, mais
seulement pour se servir de la politique pour avoir une tribune pour ses
nouvelles idées. Il fait des coups médiatiques, et non des meetings.
Ils doivent être ravis, les palestiniens, aujourd’hui d’avoir eu jadis
comme soutien le comique français aujourd’hui sympathisant FN !
Derrière le rideau de la scène politique
Dans
le Val d’Oise, la liste se targuera d’avoir fait à Garges-les-Gonesse
un score plus qu’honorable de 10,75 %, arrivant en 4ème position après
le PS, l’UMP et le FN, comme dans les Yvelines avec 8,62 % à Trappes… et
en Seine-St Denis à Villetaneuse (avec 8,1 %), la Courneuve (7,19 %) ou
encore Bobigny (6,7 %). Le 10 juin, hélas, la belle ambiance retombait
avec une déclaration incendiaire de Ginette Skandrani (la dame aux
cheveux blancs de l’affiche de 2009) qui accusait Olivia Zemor [et
Michel Warchasky, de la liste Europalestine, "d’être des agents du
Mossad...Warchawsky informe, depuis plus de 15 ans, la police
israélienne. C’est lui qui amène en mains propres au CAPJPO les fonds
nécessaires à son fonctionnement. Sa tête est mise à prix dans les
territoires palestiniens, où il ne se rend évidemment plus depuis
plusieurs années. Grillé en Palestine occupée, il exerce ses talents
d’indicateur de police en France" écrivait-elle, portant de
terribles et dangereuses accusations sans aucune preuve tangible à
montrer. De l'irresponsabilité totale, les deux risquant désormais leur
peau à tout moment après pareille déclaration ! C'était devenu
insupportable, comme atmosphère ! Le 2 novembre, la rupture était
consommée et l'association annonçait se désolidariser de Skandrani, mais
aussi de son principal supporter hypermédiatisé (qui n'était pas
Dieudonné !) : "Euro-Palestine et l'association CAPJPO (Coordination
des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient) ont choisi de prendre
leurs distances avec Dieudonné, à la suite d'une série d'incidents
sérieux, survenus au cours des dernières semaines, et notamment en
raison du fait que celui-ci s'affiche avec Alain Soral, qui a tenu
récemment des propos antisémites sur France 2 ( « Complément
d'Enquête », du 14 septembre 2004, visible ici). Nous
avons en outre été très choqués d'apprendre la récente présence de
Dieudonné à un rassemblements d'éléments douteux initié par Ginette
Skandrani, antisémite et négationniste connue, qui se répand en propos
dégoûtants sur des sites internet" annonçait l'association". Ça
avait au moins le courage d'avoir été dit, Euro-Palestine s'étant enfin
rendu compte du boulet que représentait chez eux Soral Dans le
reportage, on découvrait quelque chose de frappant : Dieudonné navigant à
vue en politique depuis des années, avait trouvé son mentor, dont il
buvait visiblement les paroles.
Et
c'était Alain Soral, hélas pour lui. Hélas, car s'il avait été un peu
attentif, Dieudonné aurait lu cette tirade de 2003 le visant directement
et signée du même Soral, dans "Abécédaire de la bêtise ambiante, Jusqu’où va-t-on descendre ?, Pocket, Paris, 2003, p. 112) où il lui reprochait " de ne pas oser montrer du doigt cette "communauté
invisible" certes sur-représentée dans le show-biz en termes de quotas,
mais à laquelle il doit aussi son doux statut de rigolo ». A savoir... les juifs ! En 2013, l'écrivain Pierre Jourde et critique résumera très bien leur association de circonstance : « Le
juif et Auschwitz sont chez Soral de véritables obsessions...Son
révisionnisme et son antisémitisme sont flagrants » et il estime
dangereux les effets politiques des discours qu'il tient avec son allié
Dieudonné « sa « pensée », et celle du petit groupe de zélotes qui
l’entoure, est criminogène. Elle justifie les crimes antisémites. Et
lorsque ceux-ci ont lieu, il leur suffit d’affirmer qu’ils n’existent
pas. Soral et ses amis sont des crapules dangereuses, dangereux comme
peuvent l’être les obsédés du complot, les paranoïaques et les
fanatiques."
Dieudonné,
qui prône la laïcité finit en cette année 2004 de fort étrange manière
en recevant à la Main d'Or une véritable secte religieuse, qui n'est pas
n'importe laquelle : celle de juifs extrémistes (et antisionistes) d'un
mouvement appellé Neturei Karta,
qui prône de bien étranges choses. Pourquoi donc un prétendu laîc
porterait autant d'attention à un mouvement religieux, qui plus est
israélien ? La réponse est vite trouvée : ces ultra-orthodoxes venus
d'Autriche (?) cette fois-là vont tout simplement plus loin que tous les
autres... en ne reconnaissant pas l'existence d'Israël, pardi !!! "le judaïsme a des milliers d’années d’existence" disent-ils, "le
sionisme n’a qu’une centaine d’années et est complètement a-religieux.
Il y a 2000 ans lors de la destruction du Temple, Dieu nous a fait
comprendre que nous devions vivre dans toutes les autres nations et ne
jamais chercher à bâtir un Etat. Nous n’avons donc pas le droit fonder
un Etat en Terre sainte ou ailleurs, tant que la rédemption n’a pas eu
lieu, tant que tous les peuples ne reconnaissent pas le Dieu unique [en
lieu et place des idoles que sont le pouvoir, l’argent et autres
leurres] et vivent dans l’harmonie et la paix. Nous devons accepter
l’exil, dans sa dimension physique et métaphysique, non pas chercher à
modifier ou à accélérer le projet de Dieu, c’est comme un médicament
amer qu’il est vital d’accepter. » Voilà qui sert bien notre « bouffon », tout heureux de se trouver des juifs qui pensent comme lui. « Il n’y aura pas de paix véritable tant qu’existera l’Etat d’Israël et ce n’est pas nous qui le disons, c’est la Bible » affirment-ils :
voilà notre Dieudonné pourfendeur de toutes les religions, en belle
paroles, devenu soutien d’une religion suivant les préceptes de la
Bible ! Etonnant !!!
Le
15 novembre 2004, on les retrouve en tête d’une manifestation
pro-palestinienne, avec un Dieudonné en keffieh, une manifestation
réunissant « 5000 personnes à l’appel d’une trentaine
d’associations », réunies « pour attirer l’attention de l’opinion
publique française sur la situation des Palestiniens, et pour protester
contre la construction du mur que le gouvernement israélien de Sharon a
entrepris de construire pour enfermer les territoires palestiniens »...
mais aussi pour rendre un dernier hommage à Yasser Arafat, mort à
Clamart à peine quatre jours auparavant. Une manifestation où l’on
trouvait pèle-mêle Monseigneur Gaillot, Amnesty International, la
Coordination des comités Palestine, Agir contre la guerre, le Parti
communiste, les Verts, et la LCR, mais aussi le MRAP, et l’UJFP. A ce
moment-là, Dieudonné est encore présentable pour une certaine gauche,
malgré son clash chez Fogiel (personne ne s’affichera pour autant auprès
de lui ce jour-là)… on signale ce jour-là aussi la naissance d’une
nouvelle entité proche de Dieudonné : « Les Ogres Utopistes Concrets » (bientôt
réduits aux seuls « Ogres »). En fait c’est l’annonce du site de
fédération des supporters de Dieudonné, qui va se montrer très actif
pour relayer sa parole, contrer ses opposants.. et surtout inciter à
remplir ses salles !
Encore
une fois, toute la duplicité du personnage, qui dit blanc un jour pour
dire noir le lendemain. Un Dieudonné qui leur posera une question chez
lui obsessionnelle : »est-ce que vous pensez que le sionisme s’est servi du drame de la Shoah d’une manière intéressée ? » Ce à quoi ils répondront que oui, ce qui ne pourra que le ravir « l’industrie de l’Holocauste a commencé avant la Deuxième Guerre mondiale (? ??), afin
de tuer l’espoir ; puis la Shoah a été utilisée par les sionistes. Ils
ont toujours utilisé tout ce qu’ils pouvaient pour exercer leurs
pressions et leurs chantages. Les sionistes ont besoin que le sang juif
soit versé (?). Ils l’ont même contribué à perpétrer les
persécutions à notre égard, car ils avaient besoin du drame pour attirer
la pitié et culpabiliser tout le monde. Ils n’ont pas fait tout leur
possible pour sauver les juifs, de nombreux chercheurs l’ont démontré.
Le sionisme a un besoin vital de l’antisémitisme, il le suscite
activement là où il n’existe pas. » Une secte religieuse qui
explique que ce sont les juifs qui créent l’antisémitisme ? Du pain
béni, si je puis dire, pour notre humoriste désormais sans humour. Des
rabbins qui déclarent aussi que »d’aller à Auschwitz, c’est
manifester sa solidarité avec les sionistes, non avec les juifs qui ont
souffert. Notre soutien aux Palestiniens n’est pas négociable, et c’est à
Ramallah que nous irons ensemble, si Dieu le veut..« Ou en Iran, des responsables de la secte se rendant quelques mois plus tard à Téhéran pour y embrasser Ahmadijenad !
Car
si l’on résume cette secte, sortie du chapeau de magicien médiatique,
ou qu’on analyse ce qu’elle souhaite, on tombe de haut, comme l’a écrit
Flammetta Venner dans le Charlie Hebdo du 24 novembre 2004 : « quand nous demandons au Rabbin Weiss, leur
leader, ce qu’il reproche vraiment à l’Etat d’Israël, la solidarité
avec les palestiniens disparaît immédiatement pour laisser la place à
une violente diatribe contre les juifs non-intégristes, accusés de ne
pas vouloir vivre dans une théocratie : « Israël ne reconnaît pas le
Shabat. Beaucoup d’israéliens ne prient pas ce jour. Or si Israël était
un véritable état juif, il y aurait des mesures de rétorsions contre ses
apostats ». Deuxième problème, les femmes : « en Israël, quand une
femme venue de notre communauté s’oppose à nos lois elle trouve refuge
auprès des sionistes ». Autre motif invoqué : le massacre de juifs
ultra-orthodoxes commis à Hébron par des Palestiniens arabes : « ce
massacre est la faute des sionistes, s’ils n’étaient pas venus, nous
n’aurions pas souffert ». Et bing dans le machisme dieudonnesque,
que peu de gens ont souligné ! Dieudonné, soutien une secte juive
ultra-orthodoxe et en même temps qu’il nie l’existence des chambres à
gaz ? C’est tout simplement marcher sur la tête !
Cela
n’avait rien d’étonnant, à bien y regarder. La CAPJPO a été créée en
2002 par deux journalistes, deux militants du mouvement trotskyste Lutte
ouvrière, Olivia Zemor et Nicolas Shahshahan. Très vite, des
sympathisants tel Maurice Rajsfus de retirent de la liste ; jugée trop
sectaire. « Le militant Robert Kissous reprochait à la CAPJPO de
s’être entourée de « personnages douteux » comme Alain Soral ou Taoufik
Mathlouti, patron de la station Radio Méditerranée (souvent épinglée par
le CSA pour ses nombreux dérapages antisémites) et créateur du
« Mecca-Cola »… Un Mathlouti sérieusement épinglé par LIbération : « Il
se dit opposant au régime tunisien, soupire l’un d’eux, mais il oublie
qu’il placardait à Paris des affiches de lui et Ben Ali lors de la
campagne présidentielle de 1994. » « Ben Ali n’a pas fait que de
mauvaises choses, se défend Taoufik Mathlouthi. Mais j’ai eu un déclic
le soir des dernières élections [en 1999, ndlr] : son score ressemblait
trop à un plébiscite forcé (99,25 %). Du coup, j’ai ouvert les ondes de
Radio Méditerranée à l’opposition tunisienne. » En fait
d’opposition ce sont les vannes antisémites qui ont été ouvertes en
grand. Car c’est lui, justement, qui a édité édité le faux notoire, cet
infect « Manifeste judéo-nazi d’Ariel Sharon ». Sur Radio Méditerranée on avait pu entendre ceci en émission : … « C’est ce que vous êtes en train d’expérimenter en
France et partout ailleurs où les idées juives s’imposent. Et nous
l’expérimentons ici aussi. Nous mettons ici le doigt sur certains
aspects qui doivent être connectés.
Les
Juifs ont de mauvaises croyances, en particulier celle qui dit qu’un
non-Juif ne doit pas être traité comme son propre voisin. Cette idée a
fini par s’imposer dans la manière de gérer les affaires de la société
en général. Aussi, un volet important de ce paradigme juif consiste à
laisser entendre qu’il faut combattre toutes les autres religions. J’ai
appris qu’en Irak, les Américains vont publier de nouveaux livres
d’école où toutes les références au Coran seront bannies. [...] Rapidement : « vous voulez dire que les conseillers pro-israéliens de Bush ont partie liée avec cette décision ? » Réponse de l’interviewé qui s’appelle « Shamir » : »les
Juifs sont à l’origine de cette idée. Il ne s’agit pas d’être né avec
certains gènes ou chromosomes, non, il s’agit d’un idéal auquel on
adhère ou pas. Ces gens qui ont soutenu la guerre en Irak sont des
disciples de Levi-Strauss (…) de l’université de Chicago. Levi-Strauss
est un penseur juif très influent qui a fait école dans ces milieux
néo-libéraux. Il a répandu l’idée qu’il est nécessaire de combattre
l’Islam et la chrétienté« . Sidérant et inepte propos !
Les
déclarations à l’emporte-pièce d’un Soral finissent par nuire à tout le
monde. Chez Euro-Palestine, on commence à se faire du mourron sur
l’image de marque laissée à l’extérieur. Ce qui met le feu aux poudres,
c’est un article de Politis étalant les dissensions du mouvement. La rupture des promoteurs de la liste Euro-Palestineavec
Dieudonné et les accusations de dérives dont ils sont eux-mêmes la
cible révèlent les clivages entre les associations. « De petits groupes
racistes et négationnistes menacent de paralyser ce mouvement de
solidarité », s’inquiète l’un d’eux. [...] Cette guerre-là
secoue depuis quelques mois les cercles militants qui dénoncent le sort
fait aux Palestiniens et agissent « pour une paix juste et durable »
dans cette région du monde. Ses derniers épisodes médiatisés se
jouent lorsque, le 29 octobre, le comique Dieudonné rend publique sa
rupture avec les promoteurs de la liste Euro-Palestine dont il a été la
figure de proue, lors des élections européennes de juin. Dans la
foulée, les responsables d’Euro-Palestine annoncent qu’ils ont « choisi
de prendre leurs distances avec Dieudonné à la suite d’incidents
sérieux ». Ils citent notamment le fait que l’artiste
« s’affiche avec Alain Soral, qui a tenu -…- des propos antisémites sur
France 2″, le 21 septembre. Ce jour-là, ce pamphlétaire a déclaré, en
présence d’un Dieudonné impassible : « Ce n’est pas systématiquement de
la faute de l’autre (…) si personne ne peut vous blairer partout où vous
mettez les pieds (…). Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur
histoire -des juifs-, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque
fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans,
ils se font dérouiller. » Une déclaratin incendiaire de plus d’un Dieudonné dans les bottes d’un Soral. « Le
sang de Robert Kissous n’a fait qu’un tour lorsqu’il a pris
connaissance de cette diatribe. « Que Dieudonné et Soral apparaissent
comme les leaders de la cause palestinienne, ça me fout les boules »,
résume aujourd’hui ce routard du militantisme propalestinien.
Il
s’est souvenu que le même Alain Soral, provocateur professionnel, était
l’un des animateurs du meeting en faveur de la liste Euro-Palestine, le
8 juin, à Paris. »Kissous, fort critique de la liste Euro-Palestine présentée
en 2006 aux élections européennes s’opposera avec force
à Dieudonné et Alain Soral, avant de devenir l’un des organisateurs du Tribunal Russell sur la Palestine en
2009. Le problème avec l’influence de Dieudonné, plus de huit années
plus tard, n’est toujours pas résolu. En 2012, en effet, 25 égyptiens
et une soixantaine de français liés à EuroPalestine se rendent à Gaza du
29 décembre 2012 au 1er janvier 2013 pour soutenir le Hamas et célébrer
à leur façon le quatrième anniversaire de l’Opération Plomb Durci. Un
petit groupe se fait photographier en effectuant la sinistre quenelle…
preuve que Dieudonné a toujours une influence délétère sur eux !
L’émission diffusée, qui avait provoqué la mise en demeure par le CSA de
la station avait été dirigé par Sylvia Cattori. Une journaliste suisse
pro-palestinienne, disciple de Thierry Meyssan et celle-là même qui
avait interviewé Dieudonné le 16 octobre 2005 sur la traite des noirs…
ou qui avait donné le micro à Olivier Mukana, le grand admirateur de
Dieudonné en écrivant ceci : « votre livre est vraiment passionnant !C’est
une analyse très éclairante sur l’impossibilité de s’exprimer librement
dès qu’il s’agit d’Israël. Ce qui explique pourquoi aucune personnalité
politique ne peut se risquer à critiquer Israël, sinon sa carrière est
finie. Du reste les ennuis de Dieudonné n’ont-ils pas commencé quand il a
proféré dans un sketch le mot « Israël » ? Aussi, il
ressort clairement de votre enquête que tout est lié, que ceux qui
accusent Dieudonné d’antisémitisme sont ceux-là mêmes qui ont un lien
communautaire avec Israël. Dieudonné a-t-il été pris, malgré lui, dans
« leur guerre » ? » Ce qui est proprement consternant, Cattori
enlevant ainsi à Dieudonné toute attaque antisémite, alors qu’elle même
en avait laissé proférer à la radio…
C’est
vraiment toujours le même petit microscome qui se venge tous les jours
d’une prétendue omniprésence juive dans les médias. Avec de tels sbires,
les réunions électorales de ce groupe deviennent sans surprise aussi
l’objet de heurts et d’insultes anti-juives. On y entendra régulièrement
prononcer le slogan« sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes ». L’autre
interlocuteur de Cattori, dans l’émission visée par le CSA, on l’a vu,
n’était autre qu’Israël Shamir ; l’auteur du livre dont elle parlait.
Sans conteste un antisémite, car cet israélien d’origine russe l’était :
« des Juifs antisémites, cela existe » avait écrit à son propos le vigilant PHDN. Comme il existe de jeunes nazis juifs, comme je l’avais écrit ici en parlent de« L’antisémitisme de l’intérieur »… avant
de me faire incendier par des extrémistes, dont un qui me harcèlera
deux années de suite, qui visiblement n’avait rien compris à ce que je
décrivais ou refusait de voir les traces de croix gammées dessinées dans
des synagogues israéliennes !
Le cas de Shamir (ici en photo avec Dieudonné, dans son fief de la Main D’Or) est pendable nous dit PHDN : »mais,
de fait, Israel Shamir est un antisémite, reconnu comme tel partout.
« Il est un antisémite hystérique, non parce qu’il critique Israël, mais
parce qu’il reprend quasi intégralement tous les poncifs de
l’antisémitisme, avec une virulence proportionnelle à son talent. Sous
sa plume, les Juifs deviennent les responsables d’un des attentats
terroristes anti-israélien les plus meurtriers de ces dernières années.
Le reste est à l’avenant? : complaisance de plus en plus marquée envers
les négationnistes, finalement jusqu’au soutien pur et simple ; adhésion
à la théorie du complot de domination juive mondiale véhiculée par les Protocoles des Sages de Sion,
diffamations issues de l’antisémitisme chrétien tels que le recyclage
du fantasme des crimes rituels l’accusation de déicide (les Juifs en
assassins du Christ) ; insultes de rabbins accusation globale contre
« ?les Juifs? » d’être responsables de la Seconde Guerre mondiale, toute
la panoplie y passe. Shamir va même, à l’occasion des élections
présidentielles en France de 2002, appeler à voter Le Pen, dont il
explique le succès par le fait que « le peuple de France ne [veut] pas
goûter une occupation judéo-nazie »? La dérive nazie, pourtant, c’est
bien Shamir qui la commet lorsqu’il déclare que « les Israéliens
représentent une forme virale d’êtres humains ». Shamir avait
appelé à voter LePen, celui du « détail » sur les camps et de la période
d’occupation pas si terrible que cela pour les français : les amis de
Dieudonné sont vraiment fort peu recommandables, en 2004 !!!
En
fait, l’interviewé était exceptionnel, dans le pire sens qui soit.
Israël Shamir s’appelle en réalité Adam Ermashalias, mais il s’est aussi
appelé Jöran Jermas et s’appelle en ce moment… Robert David. L’homme
n’est pas que protéiforme : il a de bien étranges contacts, comme a pu
le révéler un journal suédois lui aussi vigilant : »dans le journal suédois Expressen,
Magnus Ljunggren, professeur émérite de littérature russe à
l’Université de Göteborg, a mis en lumière les liens étroits
qu’entretient Shamir avec Wikileaks et sa fonction de diffuseur des
documents Wikileaks en Russie (l’article est d’ailleurs illustré avec une photographie montrant Assange et Shamir côte à côte dans un bureau) ». Un journal qui poursuit :« Shamir
vit actuellement à Moscou sous le nom de Robert David ; sous son
véritable nom il ne manque aucune occasion de prétendre que les
sionistes sont les pires ennemis du peuple russe et de traiter les
libéraux russes d’agents sionistes. Selon un récit dévoilé le 14 août
1994 par IPS, Shamir était à l’époque associé à l’entourage d’Alexander Prokhanov et apporta sa contribution à son journal d’extrême-droite et anti-sémite Dyen (épellé
« Djim » dans la relation d’IPS). Selon IPS, qui citait des « sources
israéliennes », Shamir « ne vécut que brièvement en Israël », avant de
retourner en Russie (…) » On comprend mieux pourquoi de Syrie
viennent des infos tronquées pro-iraniennes et anti israéliennes voire
antisémites, véhiculées par les médias russes et répercutées par des
gens comme Meyssan. Wikileaks aurait bien utilisé les services de
l’antisémite Shamir, voilà une information surprenante ! Et voilà aussi
qui va peut-être refroidir les ardeurs des contemplateurs d’Assange, qui
sait.
Les
propos à l’emporte-pièce de Dieudonné lui nuisent de plus en plus dans
sa carrière artistique. En février de l’année, la salle de l’Olympia
annulait le spectacle de Dieudonné en invoquant une « tension extrême »,
et sa tournée en province avait été écourtée, suite à de multiples
problèmes de manifestations devant les salles où devait se produire
l’artiste. Dieudonné s’était évidemment positionné à ce moment-là en « victime d’un lynchage hors du commun », selon
lui. Une position victimaire qu’il avait déjà pris l’habitude
d’affecter. Le mois suivant, les protestataires devant ces salles lui
trouvent pourtant une raison de plus à leur mouvement : en mars 2005,
Dieudonné ne trouve rien de mieux que de commettre une nouvelle
provocation, en se solidarisant avec Bruno Gollnisch,
qui vient de se faire exclure alors pour cinq ans de l’université de
Lyon-III à la suite de propos controversés sur les chambres à gaz (*).
La sanction est assez lourde pour être remarquée : en milieu
universitaire c’est en effet plutôt rare (cela rappelait aussi
l’éviction de Serge Thion du CNRS). Comme à son habitude, l’artiste joue
au trublion, sans nommément prendre parti sur la position du leader
frontiste. S’il dit avoir des« positions politiques radicalement opposées », il déclare en effet que « je
me suis battu politiquement contre l’extrême droite en France, à Dreux.
J’ai des positions politiques qui sont radicalement opposées, mais
quand je vois ce qui se passe aussi avec M. Gollnisch, retirer son
travail à quelqu’un sans que la justice ait pu se prononcer. On est dans
un Etat de droit, sous la pression d’un lobby qui se croit tout permis
dans ce pays », avait-il affirmé.
Une intervention qui était loin d’être gratuite, Dieudonné se mettant en situation lui aussi d’exclu des médias : « Dieudonné
avait ajouté : « ce n’est pas pour défendre les opinions politiques (de
Bruno Gollnisch), mais je trouve ça incroyable. C’est ce qu’on me fait à
moi, on m’interdit de jouer dans des salles simplement parce que je
déplais à un petit groupe d’individus ». Sous
entendu : les juifs. Dieudonné faisait son Voltaire du pauvre, mais
avec une idée derrière la tête, celle de la défense des martyrs, ceux
persécutés par… les juifs bien sûr ! Mais l’humoriste a semble-t-il
quand même compris à ce moment-là que le vocabulaire du FN, celui de son
leader Jean-Marie lePen sur les « juifs » commençait à peser sur les
relations avec les médias. Interviewé en juin par Novopress.info, le
site de presse créé par les « Identitaires » de Fabrice Robert, il
dénonçait cette fois « la connerie des sionistes » et non plus des « juifs ». Ces trois procès successifs sont passés par là :« je
ne prononce pas le mot juif. Après mes différents procès, j’ai compris
qu’il pouvait y avoir interprétation sur ce mot alors que sur sioniste,
il n’y a pas d’interprétation possible »affirme-t-il cyniquement,
fabriquant une confusion terrible dans la tête des adolescents de
banlieue, qui assimileront le gouvernement d’extrême droite israélien
ravageant le Liban en 2006, en semant partout des bombes à
sous-munition, ou attaquant avec des obus au phosphore… avec la Shoah.
Une manipulation manifeste des esprits.. faibles, qui marchera, hélas,
dans des proportions sidérantes.
On
a déjà dit que Dieudonné pratiquait l’art du recyclage à un taux assez
phénoménal. C’est en effet à nouveau ce qu’il va faire, après qu’Oliver
Fogiel, reconnu coupable d’avoir fait passer des SMS douteux en bandeau
pendant le sketch raté du colon juif, ai été obligé de faire ses excuses
à l’humoriste en direct devant les caméras. Le voici donc à nouveau à
Alger, donnant un spectacle devant une salle bondée les 16 et 17 février
2005, un spectacle intitulé bien entendu « Mes excuses », à l’affiche
plus que provocatrice (il y figure déguisé en nazi !), dans lequel il va
railler le présentateur de télévision. « J’étais l’Axe du Mal à moi tout seul », explique Dieudo. Ou encore : « on m’a soupçonné d’être la branche humoristique d’Al Qaïda ». Ironisant : « Je suis obligé de venir en Afrique pour faire mon métier ! » lance-t-il devant un public conquis d’avance. Juste avant, en France, en commentant l’avis du tribunal en sa faveur, son avocat, Me François Roux, avait lancé un »appel
à l’apaisement », en se félicitant que la cour ait « redonné la parole
au droit ». Ajoutant »Il faut arrêter de dire que Dieudonné est
antisémite. ’ailleurs, c’est nous qui attaquerons désormais ceux qui
l’accuseront » avait-il menacé. Il n’en aura pas vraiment le temps,
son protégé ne pouvant s’empêcher en conférence de presse entre deux
soirées de spectacle de repartir en guerre verbale en s’attaquant au
premier ministre du moment en termes plus que crûs : « Raffarin en personne était au CRIF le
week-end dernier et il m’accuse parce qu’il faut toujours leur lécher
le cul à cette équipe de malfrats, de mafieux qui est en train
d’entraîner la République française dans la guerre civile », a-t-il
lancé.
Il a également fustigé « la soumission totale des dirigeants et responsables français à la volonté du CRIF », et en s’emportant façon LePen en comparant la Shoah à une « pornographie mémorielle » ;
terme qui provoquait aussitôt un nouveau tollé, et ruinait aussitôt
tous les efforts de son défenseur pour ne pas le présenter comme
antisémite. C’était sa deuxième phrase la plus scandaleuse, après son
apparition chez Fogiel. Au moment même où son propre avocat parlait « d’apaisement » !
Preuve que déjà, l’ex-comique était devenu complètement incontrôlable !
Le lendemain, le président du PS, François Hollande, condamnait
fraîchement ses propos en prenant les spectateurs de l’humoriste à
témoin ; « assister aux spectacles de Dieudonné, c’est participer à cette dérive et à ce grave glissement dans des propos qui sont antisémites », affirmait-il.
A cette date, il n’était plus possible de parler d’un Dieudonné de
gauche, donc, mais bel et bien d’un ex-comique passé à l’extrême droite
antisémite la plus virulente ! Quel virage !!! Et quelle honte pour l’ex
défenseur des sans abris et des sans papiers ! Hollande ajoutant que « Les propos de Dieudonné sur la Shoah tombent sous le coup de la loi. Ils sont déshonorants pour celui qui les exprime » ajoutant encore qu’« Il
y a une tragédie du peuple noir lié l’esclavage, elle doit être
reconnue. Il y a une tragédie du peuple juif. La minorer, la
sous-estimer, la disqualifier en parlant de pornographie mérite non pas
simplement l’accusation judiciaire mais l’accusation politique »,
avait-il conclu, ruinant les dernières années pendant lesquelles,
effectivement, Dieudonné avait cherché à de plus en plus à minimiser
l’holocauste, en suivant une pensée révisionniste, voire négationniste.
En Algérie, avait rappelé RFI, »le
matin même, dans un entretien publié le 19 février par le quotidien
algérien L’Expression, l’humoriste relançait la polémique : « Nous
n’avons pas les mêmes droits que les sionistes. Eux, dans une école, il
suffit qu’un petit soit traité de sale juif pour que tout le monde se
lève. Pour moi, le sionisme, c’est le sida du judaïsme ». L’humoriste qui ne faisait plus rire personne se voyait aussitôt soupçonné de »contestation de crime contre l’humanité » par
la justice française. Or, à ce moment là, il sortait juste du tribunal
correctionnel d’Avignon qui l’avait condamné à 5 000 euros d’amende pour
« propos racistes » et « injures raciales » visant
les juifs : c’était ce qui s’appelait aggraver son cas ! Ce faisant, il
venait de risquer de un à cinq ans de prison et une très forte amende.
« Grillé », c’est le mot qui revenait à son propos un peu partout.
Dieudonné s’était « grillé, en devenant le cumulard de l’antisémitisme !
Comme
à son habitude, au lieu de faire profil bas, il allait à nouveau mettre
en scène ses malheurs, jouant à « celui qui ne l’a pas dit », puis à
« celui qui l’avait dit mais c’était une citation d’historien »… tout
cela se jouant dans son fief de la Main D’Or devant un parterre de journalistes « invités » à venir entendre l’enregistrement audio de ses propos algériens dans
un mauvais remake des procès de Moscou. Des journalistes qui en
sortiront effarés par l’organisation fort spéciale mise en place par les
amis de Dieudonné pour l’événement médiatique. « A l’entrée, les journalistes sont priés, comme
souvent, de laisser leurs coordonnées. Mais, surprise, c’est Ginette
Skandrani qui tient la liste. Militante propalestinienne et antisioniste
radicale, elle est proche des négationnistes Serge Thion et Mondher
Sfar (il avait soigné l’accueil ce jour-là : comment voulez-vous ne pas passer pour un négationniste en ayant comme assistants que des négationnistes ?). »Une
trentaine de supporteurs de l’humoriste sont également présents. « Un
comité de soutien spontané », lâche une femme. Dieudonné prend la
parole : « Je conteste formellement cette phrase, je ne l’ai jamais
prononcée. » La Shoah est « un drame que je n’ai jamais remis en cause,
qui appartient à l’histoire de l’humanité, qui est terrible »,
ajoute-t-il. Pour prouver sa bonne foi, l’humoriste lance la cassette
vidéo enregistrée à Alger. Le son est difficilement audible, mais on
l’entend prononcer distinctement les mots « pornographie mémorielle », raconte Libération. Mauvaise pioche, donc ? Non pas, selon l’artiste qui aussitôt ajoute que « l’expression
ne vient pas de lui mais d’Idith Zertal, historienne israélienne dont
il brandit le livre. « Mais quand il reprend l’expression à son compte,
que veut-il dire ? La question lui est posée, reposée cent fois. Le
débat s’enlise. Dieudonné se dit victime « d’une affaire bis du RER D ».
Le journal en ligne Proche-Orient Info a médiatisé l’affaire,
l’humoriste s’en prend à lui. « Tout est faux », affirme-t-il. Ses
supporteurs s’énervent de l’insistance des journalistes. Ambiance tendue. Dans la salle, d‘autres antisionistes radicaux : Nouari
Khiari, proche du Front national, et Bagdad Maati, dirigeant de la
Ligue internationale de défense de l’islam et des musulmans. Dieudonné
ne répond toujours pas, une perche lui est tendue : « Est-ce que vous
voulez dire qu’on en fait trop sur la Shoah ? » L’humoriste embraie :
« Je pense qu’il y a une hypertrophie dans la communication sur la
commémoration de la Shoah. Cela devient effectivement pornographique. »
Puis, joue l’indigné : « Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de
commémoration aussi importante des 400 ans d’esclavage ? Pourquoi cette
classification, cette différence de traitement dans la mémoire ? » La
défense de Dieudonné est ce jour-là catastrophique, tour à tour niant
avoir prononcé l’expression, pour l’avouer deux minutes après , la
redire, et avouer encore que ses sources, une nouvelle fois étaient
anglo-saxonnes uniquement. Car s’il avait raison sur l’expression qui a
bien été inventée par l’historienne anglaise, celle-ci ne l’avait fait
publier qu’en anglais et fait retirer des éditions française de son
ouvrage ! Se confirmait donc encore une fois de plus bien
l’idée d’un Dieudonné anti-américain mais allant puiser toutes ses
sources d’information là-bas, dont de nombreuses fois dans une
littérature offerte à l’étalage de sites néo-nazis. Ce jour-là aussi,
beaucoup de journalistes reviendront dans leurs rédactions avec une
certitude : manipulateur et menteur, l’artiste est désormais…
indéfendable. Tous revenaient à la même conclusion : en ce début d’année
2005, Dieudonné est déjà sur une pente glissante…
A
peine sortis de la conférence de presse surréaliste de Dieudonné, les
journalistes reçoivent une dépêche, le 21 février suivant. Ils y
apprennent qu’à Drancy en Seine-Saint-Denis, une cannette incendiaire a
été le dimanche soir 20 février 2005 sur l’unique wagon restant de la déportation, exposé
sur place, suscitant une vive indignation de la communauté juive. Le
lendemain, 300 personnes, des descendants de déportés, des religieux,
des élus et des habitants du quartier se sont réunis « pour exprimer leur indignation face à cette « profanation » et un »acte qualifié d’odieux » pourra-t-on
entendre sur place. Toute la manifestation résonne encore des propos
algériens de l’humoriste, faits la veille, qu’ils considèrent comme
ayant servi à provoquer ce sacrilège. L’ancien président de l’UEJF
devebu vice-président de SoS-Racisme, Patrick Klugman, s’écrie alors »Dieudonné est un Le Pen-Bis, plus dangereux que Le Pen » dans l’émission de Stéphane Soumier sur Europe 1 ; « Il a, quelque part, armé la main du ou des jeunes ». Grave accusation : or Dieudonné, rendu méfiant, ne l’attaquera pourtant pas en diffamation. A côté du wagon en partie incendié, un tract signé « Ben Laden » sur
lequel figure une croix gammée à lenvers avait été retrouvé. Pour
beaucoup, le lien de cause à effet été évidant : à force de manipuler
les esprits, c’est sûr, Dieudonné avait incité certains à passer à
l’acte : « l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis
s’est également déclarée « profondément choquée ». La Fédération des
Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP) estime pour sa
part que « la tentative d’incendier le wagon-musée s’inscrit dans la
succession des actes antisémites (…). Les déclarations de Le Pen,
Gollnisch et autres Dieudonné, écrit-elle, ne peuvent qu’inciter des
esprits faibles ou criminels à commettre de tels forfaits ». Le
saltimbanque se voyant alors nettement qualifié d’extrémiste de droite
assimilé aux deux principaux dirigeants du FN. Ségolène Royal, qui se
présentera deux ans plus tard à l’élection présidentielle, aura le mot
juste à propos de la situation : »évoquant les actes de xénophobie,
l’ancienne ministre a jugé « l’ambiance détestable » et déploré
« l’obscurantisme ». « On ne peut pas faire de hiérarchie dans les
horreurs. On ne peut pas sous prétexte du drame du peuple noir et de
l’esclavage occulter les autres abominations de l’Histoire » un
discours visant de plein fouet les propos de Dieudonné à Alger et son
principe de vouloir à tout prix minorer la Shoah, ou constamment de la
comparer à autre chose en cherchant à la minorer !
L’histoire
de son tabassage par en Martinique, il la retourne vite à son profit ;
son sort avait parait-il inquiété le vieux patriarche de l’île. Le 3
juin 2005, il se retrouve aller se faire refaire une virginité politique
en allant saluer Aimé Césaire, qui le reçoit chez lui.. Dieudonné dira
de la rencontre « qu’il y a une proximité d’abord
par son théâtre, que j’admire. Et puis j’ai eu la chance de le
rencontrer suite à mon agression par quatre militaires israéliens en
Martinique. Il avait alors exprimé son indignation. Il m’avait reçu, il
m’avait serré dans ses bras et apporté son réconfort me disant que
l’homme noir s’était fait suffisamment battre sur cette terre
d’esclavage. Il avait eu des mots très forts. Il m’avait donné son
soutien, sa chaleur. Aimé Césaire, c’était un frère en humanité, un
frère nègre bien sûr. Quand je vois ce qui se passe aujourd’hui… Il nous
a fait oublier la condition d’esclave qui est la notre. Il a porté haut
la question nègre. Il aurait été juste que sa mort provoque un nouveau
débat ». Une explication un peu hâtive, dénoncé par Pap n’Diaye comme le dira dans son livre Anne-Sophie Mercier :« je
crois que c’est encore Pap n’Diaye qui a raison dans cette affaire,
quand il dit qu’il y a détournement de vieillard ! Aimé Césaire est un
vieux monsieur entouré de gens dont certains sont des sympathisants de
Dieudonné et à qui on explique un peu ce qu’il doit faire. Je ne suis
pas persuadée qu’Aimé Césaire savait qui, exactement, était Dieudonné
quand il l’a reçu ». C’est ce que laisse en effet comme impression
la vidéo de la rencontre. Encore une fois, Dieudonné avait récupéré la
donne en modifiant les faits : ce n’étaient pas »4 militaires israéliens » qui
l’avaient agressé comme il l’avait affirmé. Le site ami de Dieudonné,
les « Ogres », supporter on le rappelle du comique, avait lui-même écrit
qu’ils habitaient bien en Martinique : « quatre individus sont depuis hier soir en garde à vue, il s’agit de quatre jeunes hommes blancs,
âgés de 20 à 30 ans, tous de nationalité française, de passage de
longue durée en Martinique. Ils sont domiciliés à Schœlcher, et tous de
confession juive » avait indiqué Christian Auguste Charlery de RFO.
Trois d’entre eux ayant déjà fait leur service militaire en Israël,
comme beaucoup de juifs de cet âge. Trois d’entre eux, Yorham, Arié et
Julien (il manque Jonathan) iront raconter plus tard sur une radio que
ce n’était pas une attaque raciste, mais qu’ils l’avaient bien rossé
après avoir entendu ses propos inadmissibles sur la shoah appelée par
lui « pornographie mémorielle »…
Mais
il a déjà d’autres chats à fouetter : les 17 et 18 novembre 2005, il
est invité comme un chef d’Etat à une conférence intitulée pompeusement
« Axis For Peace« , organisée à Bruxelles, où l’on verra une
cinquantaine de spectateurs à tout casser assister à des pseudos-débats
présentés pompeusement par le complotiste Thierry Meyssan en grande
forme, qui décrit la réunion comme un « Davos contestataire », ce qui
semble fort présomptueux à voir le nombre de personnes défiler. Meyssan
sur ReOpen, expliquera ainsi ses liens avec l’artiste :« j’ai
croisé Dieudonné dans les années 1980, lorsque les partis de gauche
fuyaient devant le Front National et qu’il s’est présenté à Dreux contre
Marie-France Stirbois. Je l’ai revu après les attentats du 11-Septembre
lorsqu’il a ridiculisé à la fois le discours sur ben Laden et celui de
ben Laden.
Après
l’avoir ainsi vu se positionner contre le racisme et contre
l’impérialisme, je l’ai vu s’opposer au sionisme. En 2005, je l’ai
invité à la conférence Axis for Peace »... ajoutant aussitôt que »Dieudonné
n’est pas un politicien professionnel. C’est un bouffon qui se moque de
nos incohérences et nous renvoie une image ridicule de nous-mêmes.
Apparemment tout le monde n’a pas le sens de l’humour et n’accepte pas
d’être remis en question par un saltimbanque. Il a fait à son tour
l’objet d’une campagne de haine car le rire qu’il provoque met à mal
l’hypocrisie et la langue de bois. Où qu’il se trouve, ses propos sont
enregistrés et décortiqués. On leur attribue un sens répugnant en les
sortant de leur contexte. Tout cela est bien loin de la démocratie. » Or
à ce moment là Meyssan ne peut ignorer la dérive antisémite et les
propos négationnistes de son protégé, et le coup du « contexte » est
particulièrement grossier, comme l’est « l’humour » … sur les chambres à
gaz, dont Meyssan ne peut pas ne pas avoir entendu parler. En fait,
pour « Axis fot Peace », cette mascarade, pâle copie de grand
rendez-vous politique international, tout avait été réglé (notamment
financièrement) par le nouveau dirigeant du Réseau Voltaire, le
syrien Issa el-Ayoubi devenu vice-président cette année-là (trois
collaborateurs fondateurs du réseau viennent juste alors d’être
évincés).
C’est
en effet un fait patent que Le réseau Voltaire, qui avait débuté jadis
anti-négationniste… il vient d’être détourné et ne l’est déjà plus. Car
Issa el-Ayoubi c’est aussi le responsable du Parti social nationaliste
syrien, le PSNS. En fait un parti… pro-nazi. C’est aussi un libanais qui
défend le projet d’une « Grande Syrie » sur le modèle de la Grande
Serbie dont le Liban ne serait qu’une province. Sa pensée est nettement
d’extrême droite. Le sous-mini Davos s’affiche bel et bien comme une
réunion d’extrémistes. Les débats voient défiler des adeptes du
politicien d’extrême droite Lyndon LaRouche et des complotistes comme Webster Tarpley, roi des théories du complot, pro-Kadhafi ou Christopher Bollyn (antisrael,
il sera viré l’année suivante d’American Free Press pour tromperies).
Côté européen,, on trouve Jean Bricmont (qui a soutenu Chomsky défendant
Faurisson et souhaite l’abrogation de la loi Gaysssot), Michel Collon,
Giuletto Chiesa (ancien membre du Parti communiste italien) Claude
Karnooh (anthropologue ayant quitté le Réseau Voltaire en 2001), Silvia
Cattori et Annie Lacroix-Riz (historienne communiste fort
controversée) : tous sont antisionistes…et pas mal ont déjà tenu des
propos antisémites A l’instar de leur directeur de pensé, flingué ici
par Dennis King, un journaliste américain auteur du livre « Lyndon Larouche and the New American Fascism« . « Il
convient de noter qu’au cours des quatre dernières années, la
propagande LaRouchiste, en particulier concernant les attaques
terroristes du 9/11 et la guerre en Irak, a été reprise par Al-Jazeera
et d’autres médias dans le monde arabe pour soutenir leurs propres
théories du complot concernant les États-Unis, la Grande-Bretagne et
Israël.
LaRouche
lui-même est fréquemment interviewé par les médias arabes, et les
articles de ses publications sont souvent traduits et réédités par les
journaux arabes » avait relevé King. Les débats d’Axis For Peace
sont retransmis par les chaînes Russia Today – la chaîne de télévision
du Kremlin –, TeleSur – (chaine vénézuelienne), Al-Jazeera ou encore par
le journal d’extrême droite American Free Press, dont Meyssan va faire
grand usage dans les mois qui vont suivre notamment en Libye puis en
Syrie. A la fin des réunions, Dieudonné signe avec les représentants aux
débats la déclaration finale qui « dénonce la politique néo-conservatrice américaine colonialiste axée sur le contrôle des ressources énergétiques ». On
s’y attendait un peu (beaucoup même). Ce à quoi on ne s’attendait pas,
c’était cet addendum sur l’Internet qui devrait être utilisé selon ses
signataires comme « un vecteur d’information et de mobilisation
propalestinien, au contraire des médias traditionnels diffusant selon
lui un message sioniste et raciste ». On ne pouvait être plus clair : c’est de propagande dont on parlait désormais. Et aucunement de politique !
après avoir tenu des propos plus qu’ambigus le 11 octobre 2004, repris sur le site de TF1 « Le
débat sur les chambres à gaz appartient aux historiens. Cinquante ans
après, il me semble que ce débat pourrait être libre. Il pourrait y
avoir une confrontation, autrement que par tribunaux interposés ou
procès d’intentions de part et d’autre », il avait surtout récidivé en pire le lendemain sur LCI en affirmant qu’« Il
y a des tas de camps de concentration […] où des historiens officiels
disent qu’il n’y a pas eu finalement de chambres à gaz. », repris par le NouvelObs.com du 12 novembre 2004.
Derrière le rideau de la scène politique
Une drôle de façon de concevoir la laïcité
Dieudonné, soutien d’une secte juive ultra-orthodoxe !
Les anciens trotskystes et leurs alliés antisémites
Le duo Dieiudonné-Soral, générateur de conflits chez ses propres supporters
Une radio sanctionnée pour appel à la haine raciale
Un négationniste appelant à voter Le Pen
Israël Shamir… grand copain de Julien Assange !
Pour Dieudonné, une carrière qui part en vrille dès 2004
Un artiste rancunier aux dérapages incontrôlables
La récupération et le recyclage, le seul côté « vert », chez lui
L’épisode de Drancy
Le tabassage
L’artiste semblait enfin avoir compris, cette fois-là, qu’il était
allé trop loin, une nouvelle fois. Dans un communiqué, il
annonçait qu’il arrêtait aussitôt son spectacle « Mes excuses »
et annulait les représentations prévues par la suite. Le 2 mars à
Fort-de-France (Martinique) aura donc lieu la dernière du spectacle à
faire. Les ennuis financiers ne faisaient que se renforcer ! A peine
arrivé là-bas, il sera l’objet d »une agression physique violente, sur
le parking d’Antilles Télévision (ATV) où il devait apparaître au
Journal télévisé, à la veille de sa dernière représentation. Quatre
personnes seront interpellées, des français, en fait des agents
commerciaux, porteurs de passeports français, dont deux portant de
nombreux tampons de visites en Israël. Le 19 mars ils seront condamnés à
6 mois de prison dont 1 mois ferme et à un euro symbolique de dommages
et intérêts pour violences en réunion avec préméditation » par
le tribunal correctionnel de Fort-de-France. Lors des débats, Dieudonné
avait demandé que soit requalifiée l’agression en « injures raciales »
affirmant avoir entendu « sale négro » à plusieurs reprises, ce que même
son entourage avait réfuté.
La rencontre avec Aimé Césaire
Les liens avec la galaxie Meyssan
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